Textes


 

Humanofolie

par Michel Froidevaux


Parmi les mammifères, l’humain se croit capable de tout.
 
L’homo erectus défie la folie lorsqu’il part dans les airs pour voler comme les oiseaux ou pour plonger dans les mers et nager comme les poissons.
L’homo sapiens propage la folie quand il se lance dans des recherches délirantes pour perfectionner encore, et encore, les instruments de son autodestruction.
 
L’être humain s’aveugle quant à ses capacités. Rien ne paraît limiter son potentiel pour le conduire au meilleur ou le mener vers le pire.
 
La folie des grandeurs conduit souvent à de basses manœuvres. La manie de se lancer dans des projets hors proportions amène la glorification de la démesure.
 
L’homme aurait tendance à se voir comme le maître du monde. Mais l’univers n’en a cure, et la planète terre n’en finit pas de perdre la boule.
 
Chacun porte en soi l’humanité. Mais le fardeau est parfois trop lourd ou la foule trop pressante. Alors, on se ré-individualise, quitte à oublier le sens commun.
 
 
Après Zoofolie – un bestiaire bizarre autour de l’animal
et suite à Mécanofolie – une machinerie critique de la technique,
le sculpteur Jean Fontaine s’attaque et s’attache à l’humain.
 
Grâce à sa connaissance intime des moyens de la céramique et à sa maîtrise
du modelage, Jean Fontaine s’est construit un monde singulier et cocasse, peuplé de créatures venues d’ailleurs, en tout cas d’en deçà de l’en delà.
Son imaginaire se nourrit des chimères des hommes et des caprices des femmes. Au travers d’une anticipation, enracinée dans la rouille des carcasses du passé, Jean Fontaine nous donne à voir des greffes de vivant sur de l’inerte, futurs vestiges d’une surhumanité constituée de sous-hommes, de cyborgs clownés sur des mutants, lorsque l’intelligence artificielle en aura enfin fini avec la bêtise naturelle …
 
Humanofolie, c’est eux, c’est du futur mégalomaniaque, c’est du délire shooté
à la paranoïa, mais c’est aussi de l’extravagance élégante, c’est également
de la fredaine drolatique.
Humanofolie, c’est eux, bien sûr, les autres,
mais c’est aussi moi / nous : moi tous !